Analyse: Le deuil chez les mères

Le deuil vécu pas les mères dans Tom est mort de Marie Darrieussecq et dans Vous, rêves nombreux, toi, la lumière! de Yûko Tsushima 
Marie Darrieussecq
Yûko Tsushima

Le deuil est un sujet tabou. En effet, rares sont ceux qui sont à l’aise d’en parler. C'est la raison pour laquelle c'est si intéressant d'aborder ce sujet; parce qu'on ne le connaît pas tant que cela et qu'il y a beaucoup à exploiter, surtout en littérature. Décrire les sentiments et la douleur vécus par l’entremise de l'écriture, c'est un beau défi. D'ailleurs, une étude sur le deuil dans l'écriture a justement été faite récemment. À ce propos, il est captivant de voir si des personnes qui n’ont jamais eu à vivre le deuil d’un enfant peuvent écrire sur le sujet, comme Marie Darrieussecq a osé le faire[1].

Pour ceux qui perdent un enfant, la conception de la vie ne devient plus jamais la même. Le deuil parental est une étape particulièrement difficile dans la vie d'un parent. Effectivement, les parents doivent se réaccoutumer à vivre, mais sans leur enfant et en passant par plusieurs phases du deuil. Ce sont ces phases, ces étapes, qui leur permettront peut-être un jour d’avoir accès à nouveau au bonheur.[2] Dans cette analyse, je comparerai les œuvres littéraires Tom est mort de Marie Darrieussecq (2007), publié en France, ainsi que Vous, rêves nombreux, toi, la lumière! de Yûko Tsushima (1997), publié au Japon. Le premier roman aborde l’histoire d’une mère de trois enfants qui perd celui du milieu, son petit garçon âgé de quatre ans et demi. À travers cette histoire qui n'est pas une biographie, mais bien une fiction, la mère du jeune Tom affronte la mort de son enfant en passant par l’interminable deuil. Le second roman, pour sa part, est réellement basé sur un fait vécu, soit la perte du jeune garçon de l'auteure. Elle n'en fait pas non plus une biographie, mais bien une fiction. Le roman relate l’histoire d’une mère monoparentale qui essaie de revivre sans son défunt fils qui habite chacune de ses pensées. Je vais tout d’abord analyser le dédoublement des réalités présentes dans la vie de celles-ci après la mort de leur enfant. Ensuite, je me pencherai sur la perte de la notion du temps, puis les phases du deuil retrouvées dans les romans à l’étude. Je finirai par l'analyse des différences qui s'opèrent pendant et après le deuil.[3]

1.      Le dédoublement du réel
D'après une recherche approfondie sur la mort des enfants et le deuil parental, les parents s'investissent beaucoup dans leurs enfants ; ils prévoient des projets avec eux, ont des rêves et les chérissent plus que tout. Lorsqu'ils perdent leur enfant, leur monde s'écroule, avec leurs rêves et leurs espoirs. Ils sont donc rattachés à l'image mentale de leur enfant, ainsi qu'aux objets matériels en lien avec lui. Il est commun pour les parents endeuillés de vivre dans une sorte de monde imaginaire où ils essaient de retrouver le lien qu'ils avaient avec leur enfant. Cela fait partie d'ailleurs d'une des étapes du deuil qui est marquée de fortes émotions, par exemple de la culpabilité ou encore de la souffrance, et d’un désir puissant de se rappeler la vie avec le défunt enfant.[4]

1.1: Œuvre 1: Tom est mort
Dans le roman de Darrieussecq, la mère du défunt Tom vit tous les jours à travers deux réalités distinctes. Il y a la réalité ordinaire, où tout le monde vit sa vie et vaque à ses occupations, ainsi que la réalité du deuil, dans laquelle vit et évolue la mère de Tom. À ses yeux, le monde extérieur est un monde uniquement matériel, dans lequel les gens vivent dans le mensonge en élevant leurs enfants à travers de nombreuses questions futiles telles que de penser à acheter tel ou tel produit, alors que leurs enfants peuvent mourir à tout moment. La mère de Tom se réfugie automatiquement dans son univers à elle : « Je ne rentrerai jamais. Je resterais ici passive, un poids mort. J'oublierais peu à peu la maison, jusqu'au désir d'une maison. Et dans ce fluide qui s'étendait, curieusement je retrouvais mes limites, je touchais quelque chose qui pouvait être un bord: un bord à moi, quelque chose devenu ma peau, mon impuissance, et puis dehors, le monde. [5]» La mère de Tom se retrouve en proie à un désœuvrement profond relié à de la culpabilité, au choc, ainsi qu’à la souffrance, jusqu'à en oublier tout ce qu'il y a autour et qui lui semble désormais appartenir à un autre monde. Dans son univers à elle, il y a sa souffrance, son impuissance, et Tom. À ses yeux, continuer de vivre normalement est impossible et elle se voit bien demeurer dans sa réalité du deuil. Justement, lorsqu'elle parle de “limite”, c'est qu'elle semble retrouver son corps, après avoir pratiquement oublié d'exister alors qu'elle vient de perdre son plus jeune fils. Après avoir redécouvert cela, elle comprend qu'elle est vulnérable face au reste du monde qui est trop vaste et important pour elle. Elle demeure donc dans les limites de son corps.

1.2:      Œuvre 2 : Vous, rêves nombreux, toi, la lumière!
Yûko Tsushima aborde les deux réalités d'une autre façon. Dans son roman, Akiko, la mère du défunt Kôta, vit dans deux mondes parallèles dans la vie de tous les jours. Il y a la réalité normale, dans laquelle elle demeure chez sa mère et où elle fait des tâches banales quotidiennes, mais il y a également le monde des rêves à l'intérieur duquel elle se glisse fréquemment. Dans ce monde hors du commun, elle rêvasse longuement à des courses folles à travers la ville qui la mèneraient vers son petit Kôta. En effet, elle revoit les endroits où elle a habité, les lieux où serait susceptible d'être son enfant. Elle hallucine son fils un peu partout, et c’est alors comme s'il n’était jamais mort. Si elle parle de ses visions aux gens du monde extérieur qui l'entourent, personne ne la croit, tout le monde étant au courant qu’il est bien mort et qu'il ne peut pas revenir. Pourtant, Akiko s'accroche à cet espoir de le retrouver au bout de l'un de ses rêves ou au bout de l'une de ses courses folles. À ses yeux, c'est la réalité. Lorsque quelque chose lui semble incohérent ou impossible, Akiko finit par se dire que cela doit être un rêve. Elle se réfugie toujours dans ce monde où tout est possible ; même le fait de retrouver son fils perdu :
Il dormait, sur le siège voisin du mien au cinéma. Ou bien il se tenait debout près d'un autre rayonnage, dans un petit supermarché violemment éclairé par des lampes au néon. […] Incapable de prendre une initiative, je ne cessais de l'attendre en me sentant inefficace. Pourtant, j'essayais de mon mieux de faire réintégrer à mon enfant ainsi revenu la réalité dans laquelle je vivais, en priant de toutes mes forces afin que cette fois-ci, cela marche enfin, comme si je faisais une expérience de chimie très délicate, mais en vain, car cela n'aboutissait à rien.[6]
Dans cette citation, on peut mieux comprendre comment Akiko voit son fils partout où elle va, ainsi que sa détresse dans laquelle elle tente de transposer les hallucinations de son fils vivant dans la réalité. Par ailleurs, il y a une figure de style intéressante qui se trouve à être une métaphore: “comme si je faisais une expérience de chimie très délicate”. Ici, elle compare l'expérience de chimie au fait qu'elle essaie de toutes ses forces de faire revenir son défunt fils dans le monde réel, puisqu'elle le voit dans son univers propre à elle-même. Donc, lorsqu'elle parle de l'expérience, c'est pour dire qu'elle essaie en quelque sorte de réunir les deux réalités et que c'est, justement, une opération “délicate”, puisqu'il s'agit de faire revenir son fils décédé et qu'elle a peur de le perdre à nouveau.

            1.3:      Comparaison :
Dans les deux romans, chacune des deux mères vit dans deux réalités différentes. Dans celui de Darrieussecq, autant que dans celui de Tsushima, chacune des mères est en proie à une souffrance terrible. Dans leur réalité à elles, et non pas le monde réel qui les entoure, elles cherchent à rester en contact, en quelque sorte, avec le souvenir de leurs fils respectif. Dans le roman de Tsushima, Akiko se perd dans sa réalité des rêves, et c'est comme cela qu'elle fuit la réalité qui l'entoure lorsqu'elle souffre trop ou encore qu'elle ne parvient pas à croire ce qui arrive. Dans le roman de Darrieussecq, la mère a plutôt tendance à déprimer et à tout voir avec une sombre mélancolie, et elle se réfugie alors dans son monde parallèle où son fils est présent.

            2.         Aspect B : La perte de notion du temps
Dans le processus du deuil, une caractéristique est souvent retrouvée. Il s'agit de la perte de notion du temps. En effet, lorsque les parents perdent un enfant, il y a une coupure avec le temps. Pour eux, tout est censé continuer comme à son habitude; c'est-à-dire que l'enfant est avec eux. Les objets restent dans la réalité, alors que l'enfant n'est plus là.[7] Les souvenirs reliés à cesdits objets peuvent donc confondre les parents par rapport au temps, puisque ceux-ci se rappellent les souvenirs de l’époque de l'existence de leur enfant. En bref, ils sont mélangés entre le passé et le présent dans lequel leur enfant est décédé. Les sentiments d’incompréhension, de confusion et de chagrin y jouent aussi un rôle, puisqu'ils sont d’une forte profondeur qui déstabilise les parents. En prenant conscience de la perte réelle de l'enfant, les parents comprennent qu'il ne sera plus jamais présent dans leur vie[8]. Cependant, beaucoup ont du mal à l’oublier. En fait, certains n'acceptent même jamais la perte et sont condamnés à errer entre les souvenirs d'un temps révolu.

            2.1:      Œuvre 1: Tom est mort
Le roman de Darrieussecq commence par une réalité frappante; la mère du défunt Tom ne se souvient plus exactement de la date de sa mort. En fait, elle a de la difficulté à bien situer le temps. Elle compare sa douleur de la perte à l’explosion d’Hiroshima. Des métaphores sont utilisées pour décrire cette notion du temps qui semble lui échapper : « Un autre mot que disparition quand ne reste même plus la trace de ce qui manque. […] Un autre mot que la destruction. Pour la première fois, le désabri. La disparition de l’espace, l’espace désintégré, et le temps qui tombe avec.[9] » La métaphore de la dernière phrase illustre sa vision du temps et de l’espace qui s’écroulent au même instant que la mort de son fils. Son monde s’est en fait effondré après la disparition de Tom, et c’est entre autres pourquoi le temps n’existe plus pour elle. Par ailleurs, elle se sent tellement désemparée par rapport à la souffrance qu'elle vit et à la perte si douloureuse, elle invente un mot qui illustre parfaitement cette impression constante qu'elle a d'avoir tout perdu: “désabri”. Ce mot signifie qu'elle ne se sent plus du tout à l'abri, qu'elle est pour ainsi dire complètement vulnérable. Pour décrire le temps qui semble quelque part ailleurs, ou simplement suspendu, des descriptions très imagées sont retrouvées dans le roman :
Assise dans la cuisine, j'allumais la radio et laissais refroidir d'innombrables tasses de café. La minute qui venait était impossible à vivre. Chaque minute qui venait, toujours la même. Je ne parvenais pas à respirer. Le temps stagnait dans les tasses de café. […] Le temps ne passait plus par mon corps, par mon corps, les réflexes élémentaires je m'affolais dedans. […] La minute qui venait, chaque minute, comment la vivre? Les crises d'apnée me jetaient aux fenêtres. Je m'arrêtais, perdue.[10]
Pour la mère de Tom, le temps s'est arrêté. Sa douleur est si grande et attachée au souvenir de Tom, qu'elle ne reconnaît plus le temps qui passe. Ses souvenirs sont flous, tant elle est bouleversée depuis si longtemps par la mort de son fils. Elle ne se souvient que de quelques détails. Pour représenter la réalité de la mère de Tom entrecoupée de ses souvenirs flous, Darrieussecq a bâti la structure de son roman en de courts paragraphes et pas de chapitre. Cela illustre bien la confusion de la mère endeuillée. Finalement, la mère de Tom emploie souvent des répétitions qui illustrent en réalité combien elle ne parvient plus à percevoir les limites du réel, qu'il s'agisse du temps, mais aussi de son propre corps à elle. Elle dit qu'elle n'arrive plus à respirer, mais la vérité c'est qu'elle ne semble même plus prendre conscience de l'existence de son corps.

            2.2:      Œuvre 2: Vous, rêves nombreux, toi, la lumière!
Comme la mère du petit Tom, Akiko, la mère du défunt Kôta, n'a plus la notion du temps, puisqu’elle se rattache aux souvenirs dans lesquels sont fils est présent. Akiko n'a plus conscience des saisons qui passent, malgré le temps qui continue son chemin et c’est par des brillantes descriptions que Tsushima illustre sa confusion : « Elle ne trouvait pas effrayant que le temps continue sa course. Mais elle se maudissait de ne pas être capable de vivre en ayant toujours conscience du temps. Elle laissait parler Kôta, sans comprendre qu'elle ne pouvait plus entendre sa voix. Elle préparait le repas comme d'habitude, sans comprendre qu'elle ne pouvait pas le faire manger le lendemain.[11]». Au fil des descriptions qui témoignent de la continuité du temps et de la disparition de Kôta, on sent comment Akiko peut être perdue et troublée. Dans cette citation, l’auteure démontre que la mère ne parvient pas à vivre sans poursuivre ses habitudes de vie reliées à son fils.

Dans un tout autre ordre d’idées, l'image d'une lumière éblouissante marque ses souvenirs du temps où son fils venait de mourir au présent. Akiko ne se souvient jamais vraiment des détails des événements passés depuis le décès de son fils, mais ce qui fait qu'elle retient certains de ces moments, c'est cette lumière aveuglante qui apparaît à plusieurs reprises, par exemple ce passage qui cite un de ses rares souvenirs datant de peu de temps après le décès de son fils: « La lumière éblouissante du début de l'été baignait déjà les rues, […]. Incrédule, Akiko avait alors enlevé son pull-over. Elle n'avait pas eu froid, pas du tout. Et la lumière crue sur sa peau lui avait procuré une sensation agréable. [12]» Son point de repère est en réalité la lumière qui elle, n'a pas de temps. Point de repère qu'on peut comparer à Kôta, puisqu'aux yeux de sa mère, il est toujours vivant, donc, toujours présent dans sa vie, dans ses rêves ou encore ses souvenirs et est alors figé lui aussi dans le temps, comme cette lumière. On peut également remarquer la présence de la lumière qui est décrite comme « baignant » les rues, donc, c’est un signe de son omniprésence, comme celle de Kôta. En bref, la lumière est en fait le fils d'Akiko, qui est le point de repère constant de cette dernière. Il n'y a cependant pas de moments en précis où cette association est illustrée. Parallèlement, la structure du roman de Tsushima est bien normale. En effet, il y a divers chapitres et de longs paragraphes, ce qui fait qu’on comprend que la mère du défunt Kôta reste, malgré sa douleur encore vive et un peu de confusion, consciente de la réalité.
            2.3:      Comparaison:
En conclusion, les deux romans se ressemblent quand même, malgré quelques différences telles que la structure de chacun des deux romans. Pour ce qui est de la conception de la perte de notion de temps, pour la mère de Tom, le temps s'est arrêté, et elle ne veut pas le voir passer, en fait, elle ne le voit carrément pas filer. Pour ce qui est d'Akiko, elle finit par comprendre que le temps passe et qu'elle-même est sous son emprise, mais elle est tout de même confuse puisqu'elle oublie ou encore rate certains bouts ou événements passés. La notion du temps perdu dans le roman de Darrieussecq est plus représentative des caractéristiques du deuil, en ce sens qu'on voit bien que la  mère du défunt Tom est complètement égarée entre le temps, ses émotions, son deuil et ses souvenirs. Les phrases et les paragraphes courts soutiennent ce fait qu'elle semble complètement égarée, puisque la chronologie des souvenirs n’est toujours pas en ordre. Dans le roman de Tsushima, au contraire, on comprend qu'elle est, certes, un peu perdue, mais qu'elle saisit le sens du temps. Elle a l'air beaucoup moins déphasée que la mère de Tom, puisque la structure du roman ne démontre pas nécessairement d’égarement. Les chapitres sont clairs et bien définis, et les paragraphes de longueur normale. Finalement, chacune des deux femmes a un point de repère dans ses souvenirs qu'a effacés le temps; leur fils. Pour Akiko, c'est la lumière éblouissante et toujours présente, qui représente en fait son enfant. Pour la mère de Tom, c'est son attachement affectif à Tom qui lui fait se souvenir de quelques moments passés. Par exemple, lorsqu'elle pense, en fonction des goûts et de la personnalité de Tom, au choix des vêtements pour sa crémation. En conclusion, les deux mères, suite à cet événement tragique, perdent complètement ou en partie la notion du temps.

3.       Aspect C: Les phases du deuil
Il y a plusieurs phases dans le processus du deuil. Tout d'abord, l'étape du choc, de la confusion dans laquelle les parents sont un peu coupés de leurs émotions étant donné la situation qu'ils vivent. Ensuite, il y a l'étape où une lancinante douleur les empoigne, puis, vient le besoin de retrouver l'enfant perdu. D’autre part, les parents doivent également apprendre à réorganiser leur vie sans leur progéniture et alors trouver de nouveaux buts et espoirs, ce qui est encore une autre étape. Les parents vivent aussi une étape où ils vont s'isoler, alors qu'il est préférable de demander de l’aide. La dernière phase du deuil est la reconstruction de soi. Cette phase ne se termine jamais, puisque c'est un travail constant et un changement qui perdure jusqu'à la fin de la vie des parents endeuillés. Pour les parents qui ont subi ce traumatisme, l'écriture est en quelque sorte une façon de recommencer à vivre[13]. La stylistique reliée à cette forme d'écriture est en général bondée de comparaisons, ainsi que de métaphores afin de mieux illustrer la détresse. L'écriture est une bonne manière de revivre, puisque c'est une façon de se vider de ses émotions et de faire le tri de ses souvenirs, de partager sa souffrance sous une autre forme de communication, telle que la parole, est un aussi bon moyen.[14] 
3.1:      Œuvre 1: Tom est mort
Au tout début de la perte du jeune Tom, sa mère n'arrive pas à concevoir de rester en vie. Elle ose à peine imaginer entreprendre de nouveaux projets sans son fils. Elle est en réalité dans la phase du choc. Pour passer au travers du deuil, elle a décidé d'écrire un cahier en l'honneur de son défunt fils. Au fil des premières pages, elle illustre le temps que peut prendre le deuil en se basant sur sa propre expérience. Elle le traduit en mots par des descriptions imagées qui expriment en fait une certaine incertitude de sa part: « Je ne dis pas qu'il faut dix ans. Tom avait quatre ans et demi, ça dépend de quoi? De l'âge, du temps passé ensemble? Du genre de mort? Là aussi il y a des courbes, des niveaux. Et des phrases qui circulent. Il faut quatre saisons. Il faut toute la vie. [15]» Ici, Marie Darrieussecq fait une comparaison avec les sens différents que peut prendre le deuil lorsqu'elle parle de « courbes, de niveaux ». La mère est tout simplement sous le choc depuis la mort de son fils, et elle s'en rend même compte: « La mort m'a rendu bête. […] Devant le corps de Tom j'ai perdu une partie de mes facultés mentales, je ne parle même pas de ma raison, je parle de mon intelligence, du raisonnement […] de ce je ne sais quoi qui fait qu'on pense, qu'on suit, qu'on est avec les autres. [16]» Depuis le jour où Tom fait plus partie de sa vie, sa mère devient un peu comme un robot. Elle parvient à faire quelques tâches, mais le cœur n'y est plus. Après des mois sans pouvoir parler, la mère du petit Tom prend l'initiative de fréquenter un groupe de paroles : « Nous étions une vingtaine autour d'un animateur lui-même endeuillé. Et je nous voyais comme des mutants pathétiques, chacun une petite tête supplémentaire sur l'épaule, la tête du mort. Et cette tête bégayait à travers nous. […] Les doubles-têtes, les endeuillés, à dire n'importe quoi à condition d'être ensemble, ensemble à pleurer nos morts avec les yeux de nos deux têtes.[17] » Ici, elle compare les endeuillés à des mutants pathétiques, c'est-à-dire des êtres un peu difformes, qui doivent parvenir à évoluer en ayant toujours un manque, soit l'enfant perdu, et ayant comme compagnon fidèle la mort.
3.2:      Œuvre 2: Vous, rêves nombreux, toi, la lumière!
Dans la phase émotionnelle, c'est-à-dire celle où les émotions sont intenses et douloureuses, les parents du défunt enfant sont souvent en proie à une remise en question de leurs actes. Akiko elle, ne regrette aucunement d'avoir eu son fils et d'avoir vécu seulement quelques années avec lui. D'autre part, dans sa phase de choc et de confusion, Akiko refuse d'accepter la mort de son fils, puisqu'elle continue de vivre comme s'il était encore présent. Cela, même son oncle le remarque: « C'est sans doute normal que tu n'aies que Kôta en tête pour le moment […]. Si tu continues de penser que tu n'as pas à être triste puisqu'il est là, le jour où tu prendras conscience de sa disparition, il te faudra supporter une tristesse irréductible[18] ». C'est comme si rien n'avait en fait changé, puisque Kôta est constamment présent dans l'esprit d'Akiko. Vers le milieu de l'histoire, la mère du jeune défunt n'est plus en mesure de dire si elle est capable et a envie de continuer de vivre. Elle n'a pas d'envie particulière de mourir, mais elle ne parvient plus à faire tout ce qu'elle faisait avant, même dormir: « Elle n'avait ni envie de vivre, ni de mourir. Elle ne prenait plus aucune initiative. Si on lui disait de manger, elle mangeait, si on lui disait de dormir, elle se disait qu'en effet il fallait dormir. [19]» Akiko se laisse aller dans le temps confus autour d'elle, dans les événements qui passent sans qu'elle s'en rende compte, dans cette vie qui semble n'être qu'un automatisme. Puis, dans la fin de la phase émotive et dans le début de celle de la réorganisation, Akiko se demande si elle pourrait retravailler à nouveau, puisqu’un grand ami à elle lui propose du travail: « Puis il s'était mis à l'inviter de temps en temps à dîner, à lui reparler peu à peu de travail. Elle le laissait faire, intriguée. La croyait-il vraiment capable de travailler? Il lui semblait déjà peu naturel d'être en vie, alors, n'était-il pas indécent de travailler? [20]» Certes, pour Akiko, il lui semble bien impossible d'envisager cette possibilité de retour au travail, puisque la vie est encore dépourvue de sens à ses yeux. Au moins, cette idée commence à germer en elle. Par ailleurs, l'auteure Tsushima emploie une comparaison pour définir comment Akiko se sent, alors que deux de ses vieux amis sont avec elle par une charmante soirée et qu'ils sont au courant de sa profonde peine en rapport à son défunt fils: « Elle était un peu comme une enfant qui a envie d'être consolée par tout le monde parce qu'elle s'est fait mal, mais qui, une fois qu'elle a obtenu satisfaction, trouve que c'est dommage d'arrêter de pleurer, et continue à pleurnicher en exhibant sa blessure.[21] » Akiko qui se sent déphasée, qui se sent toute petite dans cet univers qui continue de tourner sans elle, est comparée à une enfant. C’est le besoin d’être consolé qui est là, ce qui est une caractéristique du deuil.
3.3:      Comparaison
Les deux mères vivent différemment ou également les plusieurs phases du deuil. Tout d'abord, pour ce qui est de la phase du choc, chacune des deux mères est dans un état d'automatisme. Elles se laissent guider par les autres parce qu'il faut continuer de vivre, malgré qu'elles-mêmes ne peuvent qu'avec difficulté concevoir de poursuivre leur vie comme si de rien n'était. Par ailleurs, pour ce qui est de la phase émotive, dans le roman de Darrieussecq, la mère ne parvient plus à voir ses enfants, et se réfugie dans le souvenir permanent de son défunt fils. Dans le roman de Tsushima, Akiko, dans sa phase émotive, n'arrive pas à accepter le départ de son fils, donc, un peu comme la mère du petit Tom.
4.         Aspect 4: Différences entre pendant et après le deuil
Les différentes phases du deuil entraînent inévitablement un changement, qu'il soit minime ou important, chez les parents endeuillés[22]. En effet, ces parents ont des étapes à franchir tout au long du deuil, qui peut durer jusqu'à la fin de leur vie et à travers elles ils se redécouvrent. Ils réapprennent à vivre, en quelque sorte, ainsi qu'à exister avec eux-mêmes, en ayant le poids de la perte de leur enfant[23]. Ils acquièrent de la sagesse et comprennent certains éléments qu'ils n'avaient jusqu'alors pas tout à fait pris en considération, tels que la fragilité de la vie[24].
4.1:      Œuvre 1: Tom est mort    
À la fin du roman de Marie Darrieussecq, la mère du défunt Tom se rend compte qu'elle n'a en fait pas vraiment une bonne idée de qui elle est: « À part la mère d'un mort, j'ai très peu d'idées, sur ce que je suis. [25]» Après dix années passées à ne penser presque qu'à Tom, elle ne se considère plus que comme une mère endeuillée. C'est comme si elle s'était éloignée d'elle-même au fil des années. D'autre part, elle ne parvient plus à vivre sans que la mort soit omniprésente dans sa vie, sans que Tom soit encore là, tout en ne l'étant pas physiquement: « J'essaie de me tenir là, sur ce point exigu du monde. Sur un seul pied. Sur une aiguille. Cernée par le ressac. Évite de penser parce que penser c'est penser à Tom.[26] » Même après dix ans, toutes ses pensées continuent de tourner autour de son fils. L'auteure utilise la comparaison « cernée par le ressac » pour décrire combien les pensées de la mère de Tom peuvent l'emprisonner dans son univers qui fait office de souvenirs tous liés à son défunt fils. À la fin du roman, la mère de Tom réfléchit à toute la douleur qu'elle a vécue jusqu’à maintenant. Elle en arrive à une certaine conclusion: « À quoi sert ma souffrance, si elle ne lui sert pas à lui? Si elle n'est pas la pièce de monnaie dans sa bouche, si elle ne vient en paiement de rien?[27] » La métaphore de la pièce de monnaie signifie que sa douleur n'aide pas son défunt fils à passer dans l'au-delà. Elle se rend compte alors qu'il ne lui sert à rien de souffrir, que sa souffrance est sans but. Sa douleur lui  inutile à elle-même, parce que tout ce qu'elle veut au fond, c'est le bonheur de son fils. Ce qui la fait arriver à son essai de le laisser en paix, mort: « […] Tom que j'essaie de laisser en paix lui aussi, à qui j'essaie de donner le droit de sa mort.[28] » Dix ans plus tard, la mère de Tom ne l'a toujours pas laissé partir pour de bon dans l'au-delà. Elle se raccroche encore à son souvenir, et fait comme s’il était encore présent. Toutefois, l'évolution observée est qu'elle avoue essayer de lui « donner le droit d'être mort », finalement.
4.2:      Œuvre 2: Vous, rêves nombreux, toi, la lumière!
Pour Akiko, la mère du défunt Kôta, elle a vécu un peu plus d'une année avec en mémoire son fils décédé. À la fin du roman, elle comprend enfin qu'il faut qu'elle lâche prise et qu'elle doit passer à autre chose: « Il fallait qu'elle accepte enfin l'idée que lui était mort, et elle vivante. Elle avait cru jusqu'au dernier moment qu'elle n'aurait pas besoin de s'y résigner.[29] » Akiko semble déterminée à garder le souvenir de son fils à tout jamais présent. Cependant, la réalité la force à poursuivre sa vie sans lui, puisqu'elle est encore en vie. L'acceptation de sa mort fait partie, en quelque sorte, de la dernière phase du deuil où le changement qui était progressif tout au long du deuil devient plus concret. C'est donc la phase où l'on perçoit réellement un changement. D'ailleurs, elle le dit elle-même ici: « Mais je suis vivante, j'ai bien été obligée de reconnaître à un moment donné que ce n'était pas naturel de continuer à m'accrocher ainsi à la vie de mon fils en conservant dans ma chambre ce pauvre petit tas de cendres. Cela signifie aussi que je prends peu à peu conscience qu'il va me falloir vivre à l'avenir comme une femme ordinaire.[30] » Akiko finit par se détacher de l'urne de son fils qu'elle garde dans sa chambre comme une relique sacrée. Comme elle le dit elle-même, elle prend conscience de certains faits évidents. D'autre part, Akiko prend conscience du fait qu'elle doit réapprendre à se connaître vraiment, puisque son fils n'est plus là et, donc, qu'elle n'a plus à consacrer sa vie à lui : « Actuellement, je suis décontenancée parce que j'ai perdu un monde, et je me retrouve au milieu d'un grand espace, livrée à moi-même. [31]» Puisqu'elle a retrouvé son goût de vivre, elle comprend maintenant qu'elle va vivre uniquement pour elle-même. La métaphore employée qui dit qu'elle a « perdu un monde » exprime l'idée qu'elle avait bâti un monde avec Kôta, son fils, et qu'elle a malgré tout son propre monde à elle seule dont il va maintenant falloir s'occuper.
4.3:      Comparaison
Finalement, dans chacun des romans, les mères des fils défunts parviennent à commencer à accepter leur départ et à envisager de recommencer à vivre normalement. Akiko commence à penser à retravailler et on sent son envie de vivre comme jamais. Pour ce qui est de la mère de Tom, on sent moins son envie de vivre, puisqu’elle semble encore hésiter à laisser partir pour de bon son défunt fils. Par ailleurs, elles doivent toutes les deux reconstruire leur propre univers et se redécouvrir. C’est intéressant de constater que dans le roman de Darrieussecq, qui n’a pas vraiment vécu la perte d’un enfant, son personnage principal de la mère soit beaucoup plus affecté par la perte de son fils et qu’à la fin du roman, elle a encore de la difficulté à le laisser partir pour de vrai. En opposition avec le roman de Tsushima, une vraie mère endeuillée, qui elle a décrit le deuil que vit Akiko comme paraissant beaucoup moins souffrant et qui, à la fin du roman, parvient à totalement lâcher prise sur la mort de son enfant. 

5.         Conclusion 
À travers cette analyse, il est intéressant de constater les ressemblances et différences entre mes deux romans qui sont les sujets de mon projet, soit Tom est mort, de Marie Darrieussecq, et Vous, rêves nombreux, toi, la lumière! de Yûko Tsushima. Tout d’abord, les deux mères vivent dans deux réalités différentes. Ensuite, les deux perdent la notion du temps, en proie à leurs émotions intenses et à leur désarroi face à la mort de leur fils. Les différences de structures de texte sont que Darrieussecq assemble son texte en de courts paragraphes, et Tsushima, elle, c’est par des chapitres, comme dans un roman ordinaire. Par ailleurs, chacune des deux mères vit les étapes du deuil de manière différente, mais parfois semblable. Finalement, ce qui est intéressant, c’est que Darrieussecq a écrit un roman qui est beaucoup plus poignant, à mon avis, que celui de Tsushima, alors que celle-ci n’a même pas réellement vécu la perte de son enfant. Bref, le deuil vécu par les mères c’est une chose, mais si on se penchait sur le deuil vécu par les pères, ce serait différent, c’est certain, puisque c’est prouvé qu’ils réagissent différemment. En effet, il y a beaucoup plus de violence dans leurs réactions[32]. Pour bien analyser le deuil des pères, le livre Le fils de Michel Rostain serait une bonne référence, puisque l’écrivain relate dans son roman une expérience personnelle de  la perte de son fils.
Médiagraphie :

Romans :

·      Tsushima, Yûko, Vous, rêves nombreux, toi, la lumière!, «collection Picquier Poche », Japon, Philippe Picquier éditeur, 1991, 274 p.
·      Darrieussecq, Marie, Tom est mort, Lonrai Normandie, P.O.L éditeur, 2007, 247 p.

Articles sur Vous, rêves nombreux, toi, la lumière! :
·  de Ceccatty, René, «Le monde des livres; article dans "monde des livres" consacré au Japon », Le Monde, 14 mars 1997, p.1.  Consulté sur Eureka le 28 février 2011.
·  Forest, Philipe, « Livres », La Croix, 10 mars 1997, p.12. Consulté sur Eureka le 28 février 2011.
Articles sur Tom est mort :
·    Flamerion, Thomas, « Les mots du vide, Interview de Marie Darrieussecq », Evene.fr, 18 novembre 2009, article. Consulté sur Eureka le 6 février 2011.
·    de la Patellière, Julie, « La mer de Marie Darrieussecq, un écrivain/ un totem », Evene.fr, 26 mars 2010, article. Consulté sur Eureka le 28 février 2011.
·    Morvan, Daniel, La presse, POL éditeur, 2007, article. Consulté sur pol-editeur.com le 6 février 2011.
·    Ferniot, Christine, « Le fantôme de Tom. Comment survivre à la mort d'un enfant? Marie Darrieussecq dissèque l'absence et étonne par sa justesse. », Lire, critique, septembre 2007. Consulté sur pol-editeur.com le 28 février 2011.
·    Parriaux, Laetitia, « Marie Darrieussecq: Tom est mort », canoe.ca, 9 octobre 2007. Consulté sur le site de tva, soit fr.canoe.ca le 6 février 2011.
Articles sur Le fils :
·   Busnel, François, « Par-delà le deuil », L'Express, no. 3113, p.104 2 mars 2011. Consulté sur Eureka le 3 mars 2011.
· Vagner, Michel, « Le fils, par son père », L'Est Républicain, 12 février 2011. Consulté sur Eureka le 3 mars 2011.
· A.S.S, « Et si les morts voyaient notre chagrin? », Le Matin, 20 février 2011, p.55. Consulté sur Eureka le 3 mars 2011.
Références sur le deuil :
·      Proulx, Mario (avec Nadine Beauthéac et Eric-Emmanuel Schmitt), « Vivre jusqu'au bout », Bayard Canada Livres, 2010, chapitre 1, p.14, 18, 20, 21, 24, 31. Chapitre 12, p.267 à 274.
·  Jacques, Josée, « La mort d'un enfant et le deuil parental », Psychologie Québec, novembre 2002, p.16 à 18. Consulté sur Érudit le 6 février 2011.
·  Galipeau, Silvia, « Vivre le deuil de son enfant », La Presse, 2 octobre 2006, p. Actuel 3. Consulté sur Eureka le 6 février 2011.
·  Lukosevicius, Irena, « Les parents face à la mort de leur enfant », Santé mentale au Québec, vol.7, no 2, 1982, p.55 et 56. Consulté sur Eureka le 28 février 2011.
·    Havercroft, Barbara, « Les traces vivantes de la perte. La poétique du deuil chez Denise Desautels et Laure Adler. », Voix et images, numéro 1 (106), automne 2010, p.79-95. Consulté sur Érudit le 10 mars 2011.



[1] B. Havercroft, Les traces vivantes de la perte, p.79 à 85.
[2] J. Jacques, La mort d’un enfant et le deuil parental, p.16 à 18.
[3] I. Lukosevicius, Les parents face à la mort de leur enfant, p. 55 et  p. 56.
[4] J. Jacques, La mort d’un enfant et le deuil parental, p.16 à 18.
[5] M. Darrieussecq, Tom est mort, p.128.
[6] Y. Tsushima, Vous, rêves nombreux, toi, la lumière!, p.105.
[7] I. Lukosevicius, Les parents face à la mort de leur enfant, p.55 et 56.
[8]J. Jacques, La mort d'un enfant et le deuil parental, p.16 à 18.
[9] M. Darrieussecq, Tom est mort, p.60.
[10] M. Darrieussecq, Tom est mort, p.129 et 130.
[11] Y. Tsushima, Vous, rêves nombreux, toi, la lumière!, p.95.
[12] Y. Tsushima, Vous, rêves nombreux, toi, la lumière!, p.19.
[13] J. Jacques, La mort d’un enfant et le deuil parental, p.16 à 18.
[14] B. Havercroft, Les traces vivantes de la perte, p.79 à 85.
[15] M. Darrieussecq, Tom est mort, p.9.
[16] M. Darrieussecq, Tom est mort, p.27.
[17] M. Darrieussecq, Tom est mort, p.180.
[18] Y. Tsushima, Vous, rêves nombreux, toi, la lumière!, p.51.
[19] Y. Tsushima, Vous, rêves nombreux, toi, la lumière!, p.20.
[20] Y. Tshushima, Vous, rêves nombreux, toi, la lumière !, p.103.
[21] Y. Tsushima, Vous, rêves nombreux, toi, la lumière !, p.173.
[22] J. Jacques, La mort d’un enfant et le deuil parental, p.16 à 18.
[23] I. Lukosevicius, Les parents face à la mort de leur enfant, p.55 et 56.
[24] S. Galipeau, Vivre le deuil de son enfant, p.3.
[25] M. Darrieussecq, Tom est mort, p.246.
[26] M. Darrieussecq, Tom est mort, p.232.
[27] M. Darrieussecq, Tom est mort, p. 243.
[28] M. Darrieussecq, Tom est mort, p. 247.
[29] Y. Tsushima, Vous, rêves nombreux, toi, la lumière!, p.280.
[30] Y. Tsushima, Vous, rêves nombreux, toi, la lumière!, p. 301.
[31] Y. Tsushima, Vous, rêves nombreux, toi, la lumière!, p.312.
[32] J. Jacques, La mort d'un enfant et le deuil parental, p.16.